MOBILITÉ ACTANTIELLE ET STRUCTURE NARRATIVE DANS SOUNDJATA OU L’ÉPOPÉE MANDINGUE DE DJIBRIL TAMSIR NIANE
Presque tous les peuples qui ont généré des héros fondateurs de
royaumes conquérants les ont célébrés à travers des épopées qu’on a
appelées chansons de geste au Moyen-âge, en Europe, jaloore
1 (récit de
hauts faits) chez les Wolofs du Sénégal, daarol (récits du passé) chez
les Peuls, fasa (chant de gloire) ou maana (récit très long) chez les
Mandingues, etc.
Récit d’actions, lieu de mouvements incessants, l’épopée tient en
haleine son public en déroulant des scenarii de violence. Ainsi cette
belle définition :
L’épopée est bien le seul département de la littérature où la bagarre est belle, où
le public applaudit au massacre, où la violence est valorisée, où celui qui risque
sa vie conquiert le droit de tuer les autres et y gagne panache de surcroît.
Pourquoi ? Parce qu’elle met le héros en situation de guerre. Vie contre vie.
Sans quoi, point d’exploit, point d’épopée (Kesteloot et Dieng, 2009 : p.36).
La mobilité des personnages est dès lors une constante qui
participe des enjeux du récit. Comment s’articule-t-elle dans l’épopée ?
Cette lecture de l’œuvre de Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée
mandingue nous permettra de mettre en lumière d’abord le rapport